Cameroun-Apouh à Ngock : Les Communautés Rurales Dépossédées de Leurs Terres au Profit de la SOCAPALM

Le 25 mars 2025 marque un tournant triste dans le litige foncier opposant les populations Apouh à Ngock (Edea), communautés vivant aux abords des plantations de la [Société Camerounaise de Palmeraies] SOCAPALM, filiale du groupe SOCFIN/BOLLORÉ au Cameroun, à cette entreprise. Depuis bientôt deux ans, ces populations revendiquent leur droit légitime à la terre, dénonçant l’accaparement de leurs espaces de vie. Malheureusement, leur cri d’alarme, adressé à l’État camerounais et à la société agro-industrielle, n’a reçu en retour qu’une répression brutale.

Plutôt que d’engager un dialogue constructif, l’État a choisi la voie de la force peut dire au regard des dizaines de soldats, gendarmes et policiers lourdement armés qui ont été déployés pour empêcher les populations de défendre leur droit fondamental à la terre. Une injustice de plus qui marque l’acharnement d’un système contre ces communautés déjà marginalisées.

Leur seul « crime » ? Avoir cultivé plus de 6 000 pieds de bananiers plantains sur des terres qui leur appartiennent depuis des générations. Ces cultures, menées principalement par des femmes, devaient leur assurer une autonomie alimentaire et économique. Mais en quelques heures, tout a été détruit sous la protection des forces de l’ordre, laissant place à de nouvelles plantations de palmiers à huile destinées à l’exploitation industrielle. Une situation que regrette Janvier ETAMANE ETAMANE, riverain et notable à la chefferie d’Apouh à Ngock.

Selon ce riverain, la situation remonte en août 2024 où à l’issue de leurs plaintes, le sous-Préfet d’Edea 1er avait demandé à l’entreprise SOCAPALM d’entretenir une concertation avec les riverains avant tout opération de replanting. Malheureusement, rien n’a été fait par l’entreprise dans ce sens jusqu’à ce jour où les populations vont voir une cargaison d’homme en tenues lourdement armés venus protéger les employés qui commençait le replanting. C’est en ce moment que ces braves populations vont se lever pour dire non à cette injustice.

50 ans d’exploitation et de souffrances renouvelées

Ce saccage n’est pas un cas isolé. Depuis plusieurs décennies, ces communautés sont victimes de l’expansion de la monoculture du palmier à huile au détriment de leurs moyens de subsistance. L’histoire se répète :

Dépossessions massives de terres,

Exploitation abusive des travailleurs,

Cas de violences et de viols dans les plantations

Pauvreté grandissante des populations locales.

Une situation indigne qui renforce l’exclusion sociale et économique de milliers de familles.

Une entreprise certifiée RSPO qui bafoue les droits humains

Il est à relever avec regret que la SOCAPALM est certifiée RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil), un label censé garantir une production respectueuse des droits humains et de l’environnement. Pourtant, sur le terrain, c’est une tout autre réalité : oppression, intimidations, menaces, et destruction des moyens de vie des communautés locales.

Ce non-respect flagrant des principes de responsabilité sociétale d’entreprise (RSE) est une insulte aux engagements internationaux en matière de droits humains. La Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et des personnes vivant en milieu rural (UNDROP) est bafouée sous le regard passif des autorités camerounaises.

Un appel à l’opinion nationale et internationale

Face à cette nouvelle injustice, le Réseau des Acteurs pour le Développement Durable (RADD), par la voix de sa Secrétaire Exécutive Marie-Crescence NGOBO, lance un appel urgent à la communauté nationale et internationale.

La situation exige une réaction immédiate :

Que justice soit rendue à ces communautés dépossédées ;

Que la SOCAPALM rende les terres illégalement accaparées ;

Que l’État du Cameroun mette un terme à la répression et favorise un dialogue inclusif.

Le droit à la terre est un droit fondamental, un droit à la vie. Aujourd’hui, ces populations sont laissées à elles-mêmes, livrées à un combat inégal contre une multinationale protégée par l’État.

La communauté internationale, les ONG et les défenseurs des droits humains doivent agir avant qu’il ne soit trop tard.

L’article original

Photo: La police affronte les habitants à Ngock. Source : Kamer Infos.

Voyez aussi :

Edea 1er : Tension foncière à Apouh à Ngock

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