La République démocratique du Congo (RDC) accueille 5,6 millions de personnes dépossédées et déplacées, dont plus de 4 millions dans les provinces orientales du Sud-Kivu, du Nord-Kivu et de l`Ituri, ainsi que plus de 990 000 réfugiés et demandeurs d`asile originaires de la RDC et hébergés sur l`ensemble du continent africain.


Par cette déclaration, nous, organisations membres de la Coalition internationale pour l`habitat (HIC), exprimons notre solidarité avec le peuple congolais, en particulier dans le Nord et le Sud-Kivu, et avec les milliers d`enfants, de femmes et d`hommes déplacés par des décennies de conflit dans cette région. La situation dans l`est du Congo est un nouvel exemple contemporain de l`incapacité totale des États à remplir leur devoir de maintenir la paix internationale et de faire respecter l`État de droit. Aujourd`hui, plus que jamais, le peuple et la République démocratique du Congo (RDC) ont besoin de notre soutien.

Nous reconnaissons que l`armée rwandaise est reconnue comme exerçant un « contrôle de facto sur les opérations du M23 » et que la République du Rwanda porte donc la responsabilité principale des crimes perpétrés par son armée et ses milices alliées contre l`État et le peuple de la RDC.

Le 26 janvier 2025, des soldats rwandais, la milice M23 et d`autres milices alliées sont entrés dans la ville de Goma, tuant et blessant des milliers de citoyens congolais. Un jour plus tard, les forces rwandaises ont bombardé deux hôpitaux, tuant et blessant de nombreux patients, dont des femmes et des enfants. Le M23 a également bombardé des pylônes de transmission d`électricité qui permettent l`approvisionnement en eau de la population civile.

Nous sommes également conscients que le Rwanda sert depuis longtemps de mandataire pour les intérêts des États et des entreprises occidentaux dans la région des Grands Lacs, riche en minerais. L`armée rwandaise est armée par les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l`Union européenne (UE), et soutenue par d`autres mandataires, dont l`Ouganda. Le Rwanda est étroitement aligné sur Israël, tandis que son appareil de renseignement et son armée sont équipés de logiciels espions et d`armes de fabrication israélienne. Entre-temps, ces entités se sont distinguées en violant en série les normes les plus fondamentales du droit international.

Conformément au comportement de ces acteurs malhonnêtes, le Rwanda porte la responsabilité directe d`avoir déjà déplacé sept millions de Congolais et d`avoir expulsé de force plus de 400 000 personnes de leurs maisons et de leurs terres au cours de la seule année qui vient de commencer. Parmi les crimes odieux commis par les forces soutenues par le Rwanda figure le meurtre horrible à la machette de plus de 60 personnes déplacées à l`intérieur du pays, principalement des Hema, dans le territoire de Djugu, dans la province de l`Ituri. Depuis 2017, les milices Lendu soutenues par le Rwanda attaquent les communautés Hema, Banyamulenge et Alur, répétant un long schéma qui évoque les atrocités du génocide rwandais de 1994.

Nous sommes également solidaires des dizaines de milliers de personnes qui ont publiquement protesté contre l`invasion étrangère de leur pays, demandant instamment qu`il soit mis fin à la violence et exprimant leur indignation face à la brutalisation de leurs compatriotes par les puissances impériales, y compris les États responsables du soutien apporté aux milices militaires et criminelles du Rwanda afin de piller les richesses minérales du peuple congolais.

Nous nous joignons aux autres groupes de la société civile qui ont également condamné les crimes violents du gouvernement du Rwanda et de ses alliés. Nous soutenons l`appel lancé par l`évêque de Goma à toutes les parties concernées pour qu`elles fassent preuve d`un respect et d`une protection absolus des droits de l`homme, en particulier du droit à la vie et à un logement adéquat. L`expulsion forcée est reconnue comme une « violation flagrante » des droits de l`homme, qui donne aux victimes le droit à une réparation en vertu du droit international. Nous demandons également que tous les auteurs individuels et leurs commandants qui ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l`humanité, y compris le viol, la violence sexuelle et la famine du peuple congolais, soient tenus responsables de leurs actes.

Le HIC se félicite de la récente résolution de la 37e session extraordinaire du Conseil des droits de l`homme des Nations unies, adoptée par acclamation, établissant un mandat indépendant pour enquêter et faire rapport sur les violations graves des droits et les abus commis par toutes les parties au conflit dans l`est de la RDC. Nous demandons instamment que des efforts supplémentaires soient déployés pour que les auteurs de ces actes soient amenés à rendre des comptes. Toutefois, nous notons que les soldats de la paix de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) ont failli à leur mission de protection des civils, y compris des personnes déplacées à l`intérieur de leur propre pays.

Nous appelons la communauté internationale à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à la situation illégale dans l`est de la RDC. En particulier, nous demandons instamment

1. Toutes les agences concernées à fournir une aide humanitaire à la population de Goma.

2. La MONUSCO, le gouvernement congolais et l`armée nationale de la RDC (FARDC) à mettre fin à l`état de siège en Ituri et au Nord-Kivu, ainsi qu`à faire leur devoir en assurant une protection adéquate des camps de personnes déplacées dans l`est de la RDC.

3. Le gouvernement congolais et les FARDC doivent renforcer considérablement la sécurité des camps de personnes déplacées et des populations civiles vulnérables, et faciliter l`acheminement d`une aide humanitaire accrue dans le territoire de Djugu par les organisations humanitaires.

4. L`Union européenne, les États membres de l`ONU et l`Union africaine doivent étendre les sanctions actuelles contre les personnes et les entreprises impliquées dans les atrocités commises en RDC, y compris celles qui visent spécifiquement les Hema, les Alur et les Banyamulenge.

5. Les autorités locales, les municipalités et les institutions publiques, en tant qu`organes d`États liés par un traité et sujets de normes impératives du droit international, à s`abstenir de patronner, de faire des transactions ou de coopérer de toute autre manière avec des sociétés, des individus et d`autres parties qui se livrent au trafic de matières premières et d`autres biens provenant des acteurs illégaux opérant en RDC.

6. Tous les États doivent accroître leur soutien à la Cour pénale internationale afin qu`elle puisse enquêter, poursuivre et punir les auteurs de ces crimes graves en RDC.

Photo : Personnes déplacées par la guerre dans l`est du Congo, 22 fevrier 2022. Source: Moses Sawasaw/AP.

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